Nouvelles Pistes à Thionville (57)

Création du festival, puis direction de toutes les éditions, de 2008 à 2014.

Cet article est paru le 10 mai 2012 dans l’hebdomadaire La Semaine

« Cette quatrième édition de « Nouvelles pistes » installe le festival dans le paysage culturel thionvillois », lance Bertrand Mertz au pied du gradin fraîchement installé place au Bois. Entouré de Georges Deluy, adjoint à la culture, de Muguette Devaux chargée des animations événementielles, il affiche la volonté de proposer une culture de qualité pour tous. Comme toujours, les spectacles offrent plusieurs niveaux de lecture, pour que chacun y trouve son compte. Jamais élitiste, mais intelligent. C’est la philosophie d’un festival qui a su se créer une identité forte. « Certaines compagnies choisissent Thionville pour son public encore frais et généreux », explique l’organisateur en connaissance de cause : il jouera bientôt à Aurillac (la référence en théâtre de rue). Des rituels sont déjà bien rodés, comme le relookage de la statue du sanglier parc Wilson. Cette année, il deviendra…kebab. Rien que ça.

Le festival est « plus soutenu que jamais par la municipalité », se satisfait Nicolas Turon. Pour le directeur de Nouvelles pistes, « un festival est obligé de grossir pour garder la pêche ». Alors, pour cet An IV, les pistes se sont encore élargies, gonflées d’audace et de partage jusque dans les quartiers. Cette année, la Côte des Roses verra passer le Funambus. La « classe du festival » – des CE1 de Guentrange – vivra le festival à la puissance 3 : spectateurs, acteurs (ils suivront un atelier théâtre dont ils présenteront le rendu sous le grand chapiteau) et auteurs (ils réaliseront un journal du festival). Dans cette même idée, il sera décentralisé le temps d’une soirée à Hettange-Grande avec « Slip inside » (vendredi 11 mai).

Équilibres

Ce qui marque dans la programmation, c’est une recherche indéniable de l’équilibre. Un peu à l’image du parcours en culture de Nicolas Turon. « Depuis dix ans, j’ai l’impression de marcher de plus en plus vite. À la fin, soit je me redresse, soit je tombe. » Pas d’alternative, pas de demi-mesure. Du mouvement. Fragile parfois, risqué souvent. Ca commence par une idée simple comme ce gradin planté sur la place au Bois. Quelques rangées invitent les passants à s’asseoir, à s’allonger pourquoi pas. à prendre possession de la chose, en tous cas, et à la faire vivre. Autour, la ville offre son décor mouvant. Pas un simple arrière-plan qui aurait été posé là, non. La ville devient un élément de l’œuvre collective, les habitants ses acteurs. Quelques planches assemblées et larguées là, abandonnées au sort que chacun voudra bien leur offrir. « C’est un marqueur de temps, comme on peut en trouver à NewYork. Un endroit où se poser dans un monde qui va si vite », décrypte le directeur du festival.
Dans le même esprit, le Safari urbain, qui se déroulera les 12, 13 et 20 mai, placera lui aussi les habitants au cœur de la ville, au cœur de l’action. Equilibre avec le Funambus au départ du parc Wilson, qui rejoindra la place de la Liberté en passant par le quartier de la Côte des Roses. Au sommet du bus, un fil de fer accueille son équilibriste. Quelque opérette pour enfants (« Mets-moi au trou petit gendarme ») et ballet en slip (« Slip inside ») plus tard, et l’on retrouve « Le rêve de papa Topolino ». Ici, une marionnette en bout de ficelle : c’est Monsieur Topolino, ancien funambule et directeur de cirque, qui rêvait que son fils prenne sa relève. Sur fond de numéros de cirque, il raconte son histoire. On fait encore quelques pas et on arrive au bout du bout. La claque artistique de Nicolas Turon. « Extrémités », « un spectacle d’équilibre dangereux sur planches et bouteilles de gaz ». Un comédien paralysé est placé sur une planche elle-même posée sur des bouteilles de gaz. À travers cette recherche de l’équilibre humain, régi par l’apesanteur, un suspense. « Pas un bruit pendant une heure », raconte Nicolas Turon encore marqué par « cette prise de risque ». Du spectaculaire avec pas grand-chose. « Je n’aime pas les froufrous. Il est important de voir les ficelles. Plus intéressant de montrer comment c’est fait que de se perdre dans les artifices », revendique le directeur de « Nouvelles pistes ». Avec sa « jolie couleur, assez cynique et insolente », Thionville réussit un pari : la pérennisation d’un vrai festival culturel ouvert aux genres, aux gens et à la ville.

Le Festival Nouvelles Pistes aura été une véritable Cour des miracles, réunissant de saines folies pendant six années. C’est là que je rencontre les Trois Points de Suspensions, et que nous réalisons certaines de nos plus belles actions avec Boijeot et Renauld, dont Hôtel de Ville, oeuvre qui est aujourd’hui citée régulièrement en exemple dans les universités françaises enseignant l’art de rue.

La presse en parle !

20/05/2009

Le Républicain Lorrain

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