L'Inutile - Munster Badischhof

Action créée en réaction à la crise du COVID-19, mettant en jeu tous mes savoirs-faire, de la rencontre et la capacité d’écoute à la transformation des histoires vernaculaires collectées en matière artistique, l’idée est de créer un journal gratuit, sur le modèle de 20 minutes ou Metro, mais dans un lieu qui n’en n’a a priori pas besoin.

EDITO

Par Nicolas Turon

Les fenêtres ouvertes des immeubles laissent échapper les intimités, au point que les sons quotidiens deviennent le métronome de la vie de la cité. Ici, la sonnerie d’un réveil, les gamins qui partent à l’école. Plus loin, quelques cris, là, le son d’une télévision ; ou de la musique, ou un éclat de rire, un tapis qu’on secoue, des fleurs qu’on arrose, une engueulade. La nuit, le feulement des chats, les barbecues qui s’éternisent et les sirènes des véhicules de gendarmerie.

Rituel immuable : lorsque l’aiguille pointe vers le zénith, les rues Hartmann, des Cèdres, Madame Blanche ou Aimée s’emplissent des parfums de nourritures et des bruits de casseroles. Dans les HLM, on devine des cuisiniers concentrés, imperturbables. Plus aucune musique à part celle des fait-tout qui s’entrechoquent, des légumes qu’on tranche et des oignons qui rissolent. Les rues se vident lorsque les estomacs se remplissent. C’est l’heure de la trêve. Dans le quartier laborieux, phalanstère devenu orphelin de père, c’est le lointain écho de la gamelle ouvrière, le temps du travailleur qu’on nourrit. Chut ! Il est midi.

Gestion des cookies

Ce site internet utilise des cookies destinés à son bon fonctionnement ainsi qu'à des fins statistiques.

Accepter Personnaliser

Haut de page