Créatures

Commande de texte et de dramaturgie pour la Cie le paradoxe du Singe savant, que je tarde à livrer tant elle me fait plonger en poésie. Un texte touffu, dense, intense, entièrement tourné vers la question de la préservation de la liberté individuelle par la colère et le charivari. 

note d’intention

Peter Pan, son problème, c’est qu’il ne veut pas quitter le monde de l’enfance, qu’il croit magique mais son rêve de rester enfant est tellement fort qu’il empêche les garçons perdus de faire leurs propres choix et de décider pour eux-mêmes.

Grandir, c’est beau. S’affranchir du monde des parents et construire le sien avec ses pro- pres chimères, ses propres rêves et monstres à apprivoiser. C’est un long chemin magnifi- que et douloureux à la fois qui implique d’essayer, de rater et d’essayer encore.

Grandir, c’est affronter ses peurs, accepter le noir dedans et jouer avec.

Grandir, c’est d’abord apprendre à se séparer, aller chaque fois un peu plus vers l’in- connu.

Pour moi, c’est ce que fait Max quand il accède à son imaginaire, il est en colère, se rebelle et décide d’aller à la rencontre de sa forêt profonde. Il veut faire ses choix seul. Et comme une métaphore du conflit avec l’autre et de son conflit intérieur, il vogue vers ses monstres pour les apprivoiser. Le conflit c’est aussi se déplacer car il nous change de posture, de place, nous oblige à nous positionner, nous confronte.

Pour aborder cela, nous allons investir une salle de classe, la transformer, y planter une forêt, un fleuve, une mer, une île puis envahir la cour de l’école, et y inventer un grand bal de nos créatures. Leur espace est à inventer, même à l’école. Ils en sont les rois, les souve- rains. Ce sont eux les joueurs qui habitent l’école et qui peuvent participer à la modifier et à la réinventer.

Parce qu’on n’apprend pas aux enfants qu’ils ont le pouvoir de changer les choses, qu’ils sont puissants et qu’ils ont leur mot à dire.
Parce qu’on n’apprend pas aux enfants, devenus adultes, qu’ils sont en capacité de dire, d’exprimer et de remodeler ce qui leur est servi sur un plateau ou de choisir eux-mêmes ce qu’ils vont mettre sur leur route.

créatures est une ode à l’autonomie, au choix et à la puissance de l’enfant (puis à l’enfant devenu adulte dans un second épisode) à inventer son monde.

inspire de Max et les maximonstres

C’est un spectacle où nous sommes trois en scène, marionnettiste, comédienne et danseuse. Nous allons travailler avec un auteur et échanger avec différents âges sur ce que ça fait de grandir, auprès d’enfants, de jeunes ados et d’adultes, en collaboration avec le philosophe Yan Marchand.

Avec Peddy Bottom, nous étions partis d’un texte existant. Là nous utilisons l’univers de Max et aména- geons notre propos. Nous aimerions proposer autour de la création des évènements qui jalonneront les résidences :

• Tout d’abord la première envie c’est une traversée de la ville par des enfants costumés avec leur propre tête de monstres, à l’instar de la photo de couverture, une tête portée haut, au-dessus de leur propre tête. la ville envahie par les enfants, les adultes costumés en gardiens, là pour encadrer leur joie et leur anarchie retrouvée.

• La collecte de paroles avec petits et grands sur le fait de grandir dans un espace dédié (écoles, centres sociaux, parents, ephad) et un podcast (lien avec un podcast à soi de Charlotte Bienaimé) pour les faire entendre à la radio et dans la rue.

• Le travail dansé à travers une recherche à l’école de mouvements proposés par les enfants, ados. Créa- tion de danses rituelles, de processsions, de danses en cercle et d’expression des émotions en utilisant les codes du krump et des battle hip hop.

Des étapes de création comme un spectacle qui se construirait par couches, en épisodes. Dedans et dehors.
L’envie de transformer les espaces que l’on habite le temps d’un spectacle.
De réfléchir avec un philosophe au sens des choses.

De créer des costumes haut en couleurs et en forme. Trop grands pour nous et alors ? De créer une scénographie à taille d’enfant et de jouer avec.
De faire vibrer le son en direct. De jouer avec nos voix pour créer notre bande son.

Ce spectacle est pensé tout terrain, en intérieur avec lumières ou en extérieur sans fard, en théâtre ou à l’école pour transformer une salle de classe en terrain de jeu qui donnerait à voir cet espace de classe comme la chambre de Max qui devient la jungle des maxi-monstres et la cour comme le lieu du grand bal.

Les ressources :
– sur la dramaturgie du projet :
Sa Majesté les mouches, Histoire des Monstres, Fracasse de Nicolas Turon, cie des Ô
– sur l’aspect plastique :
Wilder mann, le grand livre des méchants, Monsieur cent têtes aux éditions Mémo, spectacle La Danse des Sauvages et Bêtes de la cie Le théâtre des Monstres, spectacle Grrr de la cie Silex
– Sur la musique :
groupe Otyken

“Si le monde n’a pas de sens, on n’a qu’à l’inventer !” Zazie dans le métro.

“Parler aux enfants de l’enfance leur permet de faire un pas de côté, de se retrouver spectateur de leur chemin à eux. De devenir des aventuriers, des pionniers des émotions, des rituels, des interdits et de toutes les premières fois qu’il leur faut franchir pour quitter ce “pays” qu’est l’enfance.”
Fracasse ou la Révolte des Vermiraux de Nicolas Turon, compagnie des Ô

tirer le fil de la creation

Dans une classe, les enfants s’asseyent sur leur bureau. Un passage central est ouvert. L’histoire commence à être contée par les trois comdiens, qui prennent la parole à tour de rôle, parfois en se coupant la parole, parfois en illustrant leurs dires. Puis une marionnette entre en scène et s’attelle à tenir debout sur son bateau en pleine tempête, elle voit une terre mais n’arrive pas à la rejoin- dre… Portée par la danse des deux autres corps, elle échoue sur le sable. Une créature apparaît, puis deux, et entrainent les enfants dans un tunnel qui trans- forme le couloir en rituel de passage pour une invitation à une danse collective qui aura lieu dans la cour. La musique s’amplifie au dehors, on m’invite à revê- tir un masque et je me retrouve membre d’un cercle qui commence à danser en chœur. Tout le monde est invité à prendre part à la ronde. Le tambour s’ajoute à la musique ambiante et on me propose de faire des pas précis que je prends plaisir à imiter. Nous sommes une bande de créatures qui se cherchent, mi-hu- mains, mi-animaux. On me demande si je veux aller exprimer un peu de mon monstre à l’intérieur du cercle, je me jette et j’agite les bras, les jambes et ma tête se tourne vers tous ces masques étranges. Où suis-je ? D’autres se lancent.

On entend des chants, le tambour va de plus en plus vite. Et puis plus rien.

La colère est retombée. Ca ne vrombit plus à l’intérieur. La créature n’a plus envie de danser. Elle reprend son bateau et rentre dans sa chambre.

La dramaturgie et l’écriture seront travaillées avec un auteur, inspiré de Max et les maximonstres de Maurice Sendak, mais saura aussi s’en éloigner, c’est une base de travail pour écrire une histoire, pas une adaptation. Il y aura de la danse dans l’énergie du krump, de la voix et du rythme.

Ce projet peut avoir lieu en classe, dans une grange, sur la scène d’un théâtre avec les spectateurs sur scène, ou dans une salle polyvalente.

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