Mademoiselle Seguin
Commande de texte pour le collectif L’ouvre boîte, autour de la réinterprétation du conte de Daudet. J’ai l’idée d’emprisonner Blanche, une jeune fille, dans son métier de vendeuse de chaussures. Comment va-t-elle gagner sa liberté ?
Rudolf Seguin est sans contexte le plus grand alpiniste de tous les temps.
Il est en tout cas le seul à avoir réussi l’ascension du terrible Pic du Loup.
Aussi, au moment de prendre sa retraite d’aventurier, décide-t-il d’ouvrir un magasin de chaussures de montagne au pied du Pic. Chacune de ses sept filles tiendra le magasin, dans lequel les clients avides de grands espaces et de cimes enneigées défilent.
Blanche Seguin, la benjamine, passe ses journées à regarder le sommet par la fenêtre attirée par lui comme par un aimant. Elle n’a qu’une idée en tête : vaincre le Loup.
Le travail de retranscription du conte est enthousiasmant autant que dangereux. Pour peu que le conte soit universel et connu de tous, ce qui est le cas de La Chèvre de Monsieur Seguin, on se frotte très vite à la question de la morale ; or, je n’écris jamais pour faire la morale.
L’idée d’incarner la notion de liberté dans un objet vernaculaire et commun, la chaussure, symbole d’évasion, de cheminement et de voyage, me permet de renouveler le vocabulaire simple de Daudet et de proposer une version contemporaine de la fable qui puisse toucher instantanément le spectateur, sans préjuger de son expérience, de sa maturité ni de sa sensibilité. Tout le monde sait ce qu’est un magasin de chaussures, tout le monde a eu un père, et tout le monde s’interroge sur la liberté qui est la sienne. Reste à savoir comment le miroir déformant du théâtre va tordre les questionnements autour de la transmission parents / enfants, de la question du genre, de la liberté et de la transgression.
La prédestination, l’héritage familial, l’éducation, la transgression.
Le pieu et la liberté, la folie et la domesticité.
La question de la liberté laissé aux jeunes filles / femmes, et la place qu’elles peuvent (essayer de) prendre.
Le risque de la liberté.