Poucet

Seul en scène pour un comédien, des marionnettes, des masques aussi, portés par le public et une mère éternellement absente.

« Lorsque l’on découvre un monstre sous son lit, il y a trois façons de réagir.
On peut se cacher sous les couvertures, fermer les yeux très fort en le suppliant de disparaitre. Ça c’est pour les faibles, les trouillards, les lâches, en un mot… les enfants.
On peut aussi décider de construire un lit sans pied, avec le matelas au ras du sol, ou de boucher l’espace sous le lit avec de grand tiroirs remplis de vieux habits pour empêcher le monstre de s’y installer. C’est la solution des pragmatiques, des fatigués, de ceux qui savent tout, qui ont toujours raison, en un mot… des parents.
Ou alors on peut aller voir le monstre, pour causer deux minutes et savoir s’il n’y aurait pas une possibilité de se faire aimer. C’est ce que font les orphelins, les perdus, ceux qu’on a abandonné. C’est ce que je ferais, moi, Poucet. »

Le ton de la nouvelle création des Royales Marionnettes est donné. Impertinent, joyeusement iconoclaste…

Dans leur réécriture de ce classique des contes de Perrault, les Royales Marionnettes nous présentent un Poucet devenu adulte. Il nous raconte ce qu’a été son histoire, l’histoire de l’abandon de ses parents bien sûr, de celle de l’ogre et des bottes de sept lieues évidemment, mais aussi l’histoire d’un Poucet qui n’a jamais pu grandir. L’histoire d’un Poucet qui n’a jamais plus pu faire confiance, l’histoire d’une enfance éternelle à la recherche d’une mère idéale. Il emmène le public dans ses angoisses burlesques de se perdre, traçant où qu’il aille un chemin de petit cailloux blancs qui ne le quittent désormais plus, chassant tous les oiseaux qui lui causèrent tant de souffrance, désignant dans le public ceux qu’ils croient reconnaître comme étant autant de loups, d’ogres, de pères et de mères…

Se perdre, il connaît… Se perdre dans son temps, dans l’annonce d’un cataclysme, dans l’incompréhension de la passivité de ses congénères. Cependant ne jamais s’arrêter de courir pour fouiller les moindres recoins est bien ce qui lui a permis de rencontrer enfin l’amour de sa vie. Enfin de celle qu’il croyait être l’amour de sa vie, enfin de celle qu’il a une fois de plus cru être l’amour de sa vie… Car comment aurait-elle pu l’être ? Comment aurait-elle pu être à la fois merveilleuse, spirituelle, attentionnée, mère, servante, radieuse, affriolante, compétente, aguicheuse, amoureuse… Qui l’aurait pu ? Quelle femme aurait pu détrôner cette icône de la mère idéale, cette forteresse forcément imprenable. À force de la mettre à l’épreuve, Poucet l’a perdue. Elle, mais aussi ses enfants… Enfin, avant de les perdre, tel l’Orge, il les a tous bouffés avant qu’on ne l’abandonne à nouveau.

Particularité d’un espace…
La scénographie de ce spectacle se veut résolument adaptable à tous types de lieux. Poucet personnage en éternelle mouvance, balade avec lui tous les accessoires, objets et marionnettes qui lui servent à raconter son histoire. Une malle qui lui sert de tréteaux, renferme ces trésors, mais c’est son costume réalisé par la scénographe costumière Émilie Cottam, qui contient l’essentiel de la scénographie. Les bottes de sept lieues qu’il porte aux pieds lui servent à voyager, mais également à faire voyager le spectateur. En effet, Poucet tend des toiles peintes entre ses bottes et manipule des marionnettes à tringle de petites tailles devant les décors ainsi tendus. Les poches de Poucet sont remplies de cailloux et, dans sa ceinture, il cache le grand couteau de l’ogre.

Poucet joue toujours devant un public assis en cercle. Le cercle lieu magique et de rencontre qui met sur pied d’égalité les spectateurs, qui les placent dans l’intimité et la proximité de la scène centrale. Poucet est ainsi placé au même niveau que le spectateur ce qui lui permet d’aller et de venir au plus proche du public, de jouer avec lui et d’utiliser certaines personnes pour en faire des protagonistes de son histoire. Quelques loups désignés dans les parties les plus extérieures du cercle forment la meute menaçante. Les sept filles de l’ogre elles aussi choisies dans le public, sont invitées à porter des couronnes et à s’installer pour un temps au centre du cercle. Certains deviennent arbres en agitant les branchages qu’ils reçoivent.

Poucet se cache entre les rangées de spectateurs, sort du cercle pour y pénétrer à nouveau, il se sert des spectateurs pour tracer son chemin sinueux et jouer son égarement.

Poucet peut donc raconter son histoire au centre d’un salon, au milieu de quelques chaises et coussins, mais il peut également s’installer en salle ou en extérieur. Dans ce cas, le public prend place dans un palc de 12 mètres de diamètre fermé par des palissades de bois, constitué d’un gradin circulaire de 4 rangs, et permettant d’installer 200 personnes. Ce palc permet de conserver l’intimité du lieu tout en faisant pénétrer dans l’univers de Poucet. Dans ce palc fermé, Poucet fait vibrer l’audience au rythme de ses peurs. La forêt, la cabane familiale, la maison de l’ogre sont autant de lieux clos dans lequel le public se retrouve enfermé avec Poucet.

Ambiance sonore immersive…
Fortes de leur première et concluante collaboration pour la création des « 4 Fils Aymon », les Royales Marionnettes poursuivent l’aventure avec Mounawar So Dar, qui s’occupera de créer l’ambiance sonore du spectacle. Travaillant sur base d’une technique vocale originale mêlée à la technique du looping, l’artiste réunionnais originaire des Comores réalisera le décor sonore du spectacle permettant ainsi de voyager dans les univers intrigants du spectacle.

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